Les mots surlignés font l'objet d'une note
1Monseigneur, le mesme jour que j’avoys la main à la plume
2pour vous fère entendre des novelles de çàhault et des
3deppartementz des rebelles, je receuz par le cappitaine La
4Varenne vos commandementz, et de mesme le pacquet de
5monseigneur d’Ambrun. Satisfaisant au contenu de la vostre
6à laquelle, au surplus obeyssant, je vous puys a la vérité fère
7entendre ce que plusieurs mont rapporté pour sestre sa[u]lvez
8des mains denviron six ou sept cens hommes harmez tant à
9cheval que à pied, lesquelz puys le septiesme de ce moys
10se sont gectez dans ce balliage d’Ambrunnois, continuant tous
11actes contraires à la suspention darmes accordée jusques
12au XVe de cedict mois ; de sorte que puys deux jours
13en çà, ilz se sont logés à Chorges aprez que quelques
14jours auparadvant ilz avoyent heu par composition mille
15escus dudit lieu ; et pour encores ne se sont estendus
16qu’à deux lieus prez de nous. Lon nous a volu asseurer
17comme Columbin a reprimé ses premiers desseingz se treuvant
18dans la vallée d’Engroigne, taschant par tous moyens
19et poursuytes costumières de fère eslever et marcher soubz
20sa conduicte ceulx quil treuvera bien disposez à sa persuasion.
21Vous savez, monseigneur, les moyens que lon a et forces
22pour emepcher le passaige dudit Columbin. Si ainsi est,
23actendu que plus aisement il pourra avoir accès par
24derniers trobles. Vray est que les montaignes et passaiges
26ne seront si libres que lon pourra penser. Je ne perdray
27aulcune occasion vous tenir adverty de tout ce que se pourra
28presenter, vous suppliant, monseigneur, nous avoir en
29general et particullier en recommandation et souvenance acostumée,
30actendu que le suinziesme de ce moys sera bien tost
31[157 v°] et puys que les rebelles nont heu la conservation de
32la suspention par iceulx accordée en consideration je
33ne povons sperer que estre pirement traictez. Lon nous
34faict entendre quilz ont quantité deychelles, de boys
35et cordes, lesquelles silz prethendent dresser
36contre les murailles de la ville d’Ambrun, elles se
37treuveront bien ferrées comme ilz disent si ne nous
38mettons en bon debvoir dycelles ranverser avec les premiers
39et aultres qui se presenteront. Ce pendant, monseigneur,
40si par votre moyen lesdits rebelles ne sont divertis
41de la ruyne quilz prethendent fère en tous cez quartiers,
42je ne povons quesperer entière desolation du pays
43circonvoysin. Que sera lendroict que je continueray
44vous presenter mon très humble service, priant le Createur,
45monseigneur, pour vostre très longue et très heureuse vye.
46Ambrun, ce IXe febvrier 1574.
47Votre très humble et très obeyssant
48serviteur
49Balthazar eme